Disparition de Pierre Quinon
C'est
avec beaucoup de tristesse et d'émotion que la Fédération Française
d'Athlétisme et toute la famille de l'athlétisme français ont appris le
décès hier soir, à l'âge de 49 ans, de
Pierre Quinon, champion olympique du saut à la perche en 1984 à Los Angeles, et recordman du monde de la discipline en 1983 avec 5,82 m.
Les
points culminants d'une superbe carrière, commencée à l'âge de 14 ans
dans le club isérois du RC Péage de Roussillon. En 1979,
Pierre Quinon
décroche le titre de champion de France cadet. Mais c'est deux années
plus tard qu'il explose véritablement au plus haut niveau, en
franchissant 5,50 m et en montant sur la deuxième marche du podium lors
des championnats d'Europe juniors. Entraîné à ses débuts par son père,
il suivra ensuite les conseils de Louis Fabiani, Georges Martin et
Jean-Claude Perrin.
En 1983, après avoir rejoint quelques mois
plus tôt le Racing Club de France, il bat d'un centimètre le record du
monde du Soviétique
Polyakov lors du meeting de Cologne
(Allemagne) en franchissant 5,82 m. Il devient à cette occasion le
premier perchiste à s'attaquer à la hauteur mythique des six mètres. Ce
record ne tiendra pas longtemps puisque son compatriote
Thierry Vigneron effacera une barre à 5,83 m quatre jours plus tard.
L'année 1984 est celle de la consécration.
Pierre Quinon
arrive aux Jeux olympiques de Los Angeles en confiance, après avoir
pris la deuxième place des championnats d'Europe en salle derrière
Thierry Vigneron. Il assure facilement sa place en finale lors des
qualifications. Le jour J, il maitrise à merveille l'aspect tactique de
sa discipline en franchissant 5,70 m et 5,75 m au premier essai. Il
devient ainsi, à 22 ans, le premier perchiste français à décrocher le
titre olympique, devant
Mike Tully (2e avec 5,65 m),
Earl Bell et
Thierry Vigneron
(3e ex-æquo avec 5,60 m). En 1985, il bat son record personnel avec un
saut à 5,90 m avant de connaître quelques années plus compliquées sur le
plan sportif.
Retiré définitivement des pistes en 1992, le champion
français s'était ensuite reconverti dans le commerce et possédait une
rôtisserie à Hyères, dans le Var. Il s'adonnait en parallèle de son
travail à la peinture, sa nouvelle passion. Il n'avait cependant pas
complètement coupé avec l'athlétisme puisqu'il avait notamment conseillé
Romain Mesnil lors de la saison 2004. Présent
régulièrement lors de compétitions en simple spectateur, il avait
assisté aux Mondiaux de Berlin en 2009. «
Avec d'anciens perchistes du Racing, nous n'avions qu'une envie : aller à Berlin pour voir ce concours, confiait-il dans les colonnes d'Athlétisme Magazine en septembre 2009.
A
quatre, nous avons loué un appartement. J'étais dans le stade, et cela
m'a touché de les voir entrer tous les trois (Romain Mesnil, Renaud
Lavillenie et Damiel Dossevi) ensemble sur la piste. Cela nous parle
beaucoup, à nous, les anciens. Ils sont entrés en équipe, comme nous à
Los Angeles. C'était très beau et émouvant. Toutes les sensations
revenaient. Il y avait là autre chose que le simple résultat. »
En juillet dernier,
Pierre Quinon
avait accepté de devenir un des ambassadeurs de la candidature de Lyon
pour l'organisation des championnats du Monde Vétérans 2015. Il s'était
rendu avec la délégation Rhône-Alpine jusqu'à Sacramento (Californie) et
avait pu partager avec la famille de l'athlétisme le bonheur de la
victoire du dossier français.
La Fédération Française d'Athlétisme adresse ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.